Je ne sais pas dans quelle dimension va partir cet article. Tout ce que je sais, c’est que le monde du travail change et que pendant longtemps, mes parents étaient paumés. Ce que nous vivons aujourd’hui, que ce soit le changement de rythme, le choc des générations, le monde de l’entreprise, n’a pas toujours de sens à leurs yeux. Après plusieurs heures de discussion (et au bout de 25 ans ils commencent à me cerner), je pense que ça y est, le petit bout de chemin est fait dans leur tête. Mais voilà ce que j’aurais aimé dire. D’un trait.

Chers parents, au cas ou vous ne l’auriez pas remarqué, la législation du travail telle qu’on la connait est obsolète, périmée, dépassée. Elle a été pensée à une ère industrielle, à une période de pleine croissance. C’était bien n’est-ce-pas ? Vous en avez profité pour décrocher des avantages sociaux mais sans le savoir, vous avez rendu la flexibilité de l’emploi quasi impossible. Je ne vais pas vous faire un dessin de comment les machines ont remplacé les hommes en entreprise pour réduire la masse salariale, ça ira. Avant, un mec qui travaillait à l’usine n’avait aucun diplôme. Maintenant, ils ont tous (ou presque) minimum un BTS. Aucun de mes copains, maman, pensait bosser sur une chaine à l’issu de son BAC+2.

Non, à l’issu d’un BAC+2, on pensait presque tous exercer non pas un job opérationnel, mais un job minimum stratégique. Alors on a tous été un peu déçus, l’école du salariat ne nous avait pas enseigné ce genre de choses. Au contraire, il fallait absolument faire de longues études pour se spécialiser, pour être une valeur ajoutée dans la vie professionnelle. Malheur, l’hyper-spécialisation était en fait un piège ! Même si j’ai tendance à dire qu’il n’est jamais trop tard, certains sont allés au bout de leur BAC+5 pour décrocher un poste dans un call-center. Quel gâchis…

Cinq années passées à s’accrocher à des idéaux professionnels qui n’existent peu ou plus en 2016. Alors plutôt que de ruminer sur notre sort, on s’adapte. Quand on le peut. Tu te rends compte Papa, que certains sont allés jusqu’à prendre un crédit pour leur voiture, ou leur maison, et qu’ils se retrouvent maintenant coincés dans leur CDI ?! Parce qu’ils ont été éduqués d’une certaine façon, et qu’ils se retrouvent le bec dans l’eau à regarder le monde du travail qui évolue, et les acquis sociaux disparaitre sans pouvoir s’échapper de leur métro-CDI-boulot.

Tu te souviens maman, quand j’ai signé mon premier CDI ? Tu étais la plus heureuse. Pour toi le CDI c’était le graal, c’était la sécurité de l’emploi. Mais qu’est ce que j’en ai à foutre de la sécurité de l’emploi si celui-ci m’emprisonne dans une routine mortelle et que mes perspectives d’évolution ne resterons que dans mes rêves ?

Alors voilà, on démissionne, et on se lance. Nous sommes habitués à la précarité, habitués à une non-stabilité professionnelle, et surtout, nous défendons notre individualité. Je pense à ma gueule, à mon avenir professionnel, avant celle d’une entreprise. Papa, c’est terminé, nous ne sommes plus dévoués à une seule et même boite toute notre vie. Ça c’était avant, c’était à l’ère du management paternaliste.

Non maman, je ne passe pas mes journées sur Youtube ou mes matinées à dormir. Quand tu es salarié, tes journées commencent et se terminent toujours (ou presque) à la même heure, il n’y a pas de surprise, pas de variables. En indépendant, ton travail ne s’arrête jamais (j’exagère mais vous comprenez hein), s’il s’arrête ton compte en banque est vide, et s’il est vide tu oublies les bières avec les copains le week-end (et papa tu sais que les bières sont importantes le week-end, pour « déconnecter » et se détendre).

On s’adapte, la génération Y s’adapte. Et la génération Z arrive avec de nouveaux codes, de nouvelles valeurs et de nouveaux objectifs : ils seront entrepreneurs de leurs vies. Ils savent que l’école ne leur apprendra rien en comparaison de l’expérience qu’ils se feront eux-mêmes, ce sont les premiers acteurs de la nouvelle économie.

Papa, maman, regardez, le monde du travail change.